lundi 21 mars 2016

Pourquoi on devrait toutes aimer Hédi

Grande nouvelle les filles. Le Tunisien nouveau est arrivé ! Il s’appelle Hédi. Pour le moment, ce n’est qu’un personnage imaginaire, incarné par le héros de Berlin, Majd Mastoura, mais…
Le cinéma, depuis qu’il existe, offre un miroir à la société. Parfois déformant, parfois grossissant, parfois rapetissant. Les œuvres géniales sont celles qui arrivent trop tôt, les médiocres sont celles qui arrivent trop tard, les œuvres d’art sont celles qui arrivent au bon moment. Nhebbek Hedi [ Je t’aime, Hédi], le film de Mohamed Ben Attia, est entre la première et la troisième catégorie. Le public tunisois de la première n’a pas eu l’air de beaucoup l’apprécier, certains se demandant si les prix raflés à la Berlinale étaient dus à la présence de touristes allemands dans le film. Outre sa stupidité, cette remarque permet de mettre le doigt là où le film fait mal.

jeudi 17 mars 2016

“Aziz Rouhou” : le désarroi d’une spectatrice

Narcisse voulait traiter à la fois de l’homosexualité, de la détresse conjugale, du divorce, de la violence et de la folie conjugale, de l’intégrisme religieux, de l’amour passionnel, de l’émancipation de la femme, de l’amour et de la crise du théâtre. C’est vrai que tout ça pourrait faire un beau tableau, mais vous ne pensez pas que c’est un peu trop pour un seul film ? Surtout avec un tel scénario ?
Sonia Chamkhi, un nom récurent dans le monde du cinéma. On pouvait s’attendre à un film digne de votre parcours, mais je suis ressortie de la salle de cinéma sans qu’aucune scène de votre film Aziz Rouhou (Narcisse) ne soit restée gravée dans ma tête. 90 minutes effacées.
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mercredi 2 mars 2016

La vie des jeunes homosexuels en Tunisie : un enfer fait de violence sans fard et d’hypocrisie

par Rim Ben Fraj, 2/3/2016 
Actualisation du 5/3/2106:
La cour d'Appel a confirmé la condamnation des six jeunes, mais l'a réduite de trois ans à un mois (le temps qu'ils ont passé en détention préventive), assorti de 400 dinars d'amende. Elle a annulé l'interdiction de séjour de 5 ans à Kairouan ainsi que la condamnation de l'un d'eux à six mois de prison pour attentat à la pudeur. La bataille judiciaire n'est pas finie. Prochaine étape : la Cour de Cassation.
Je suis assez âgée pour avoir une idée de la répression contre les dissidents sous la dictature de Ben Ali et après. Jusqu’ici je me croyais bien informée. Mais ce que je suis en train de découvrir dépasse tout ce que je pouvais imaginer. La réalité dans laquelle les jeunes hommes homosexuels essayent de survivre est tout simplement effroyable.
Alors que les jeunes dissidents soumis à la répression pouvaient et peuvent compter sur le soutien société civile, de leur familles, et de leur entourage, les jeunes miboun ou karyouka (deux des innombrables termes péjoratifs pour designer les “ pédés “ en arabe tunisien) sont presque tout seuls pour essayer de se défendre*.
Tout d’abord ils risquent de lourdes peines de prison pour ce que le code pénal appelle “sodomie”. Le sinistre article 230, l’un des plus courts et ramassés du code pénal stipule: “la sodomie (entre adultes consentants) est punie de 3 ans de prison”.

Comme il est difficile de prendre les délinquants en flagrant délit, reste à prouver ce dont on les accuse. La solution s’appelle “ test anal”, en d’autres termes une forme universellement condamnée, dégoûtante et absurde de torture, qui de fait n’apporte pas plus de preuves que les fameux tests de virginité pour les femmes, Des médecins de la santé publique se rendent complices de cette grave violation des droits humains. Les jeunes hommes soumis à ce traitement commencent ainsi un long chemin de croix qui ne peut se comparer qu’aux ordalies médiévales en Europe.

Fils: “Papa, j'ai entendu que, maintenant, les gays ont le droit de se marier aux USA. Mais qu'est-ce que ça veut dire, "gay"?
Dessin d'Andeel, Égypte